- NDEBELE
- NDEBELENDEBELE, MATABELE ou AMANDEBELEPeuple de formation récente, les Ndebele sont nés d’un conflit entre le roi zoulou Shaka et l’un de ses izinduna (lieutenants), Mzilikazi. Celui-ci, fils du clan Kumalo, quitte le Natal en 1822 avec quelques centaines de personnes, en direction du nord-ouest. Il établit son kraal (campement) principal dans la vallée du Marico (un affluent du Limpopo) jusqu’en 1836; il est alors menacé par les raids de Dingane, successeur de Shaka, et par les incursions des Boers qui marquent le début du «Grand Trek». Avec ses partisans, dont le nombre est alors compris entre dix mille et vingt mille, il effectue une longue migration qui le conduit en 1840, deux ans après certains de ceux-ci, sur le site qui allait demeurer celui des Ndebele, au sud-ouest du Zimbabwe, dans la région de Bulawayo. Le roi et ses izinduna fixent, en cet endroit, leur kraal, véritables villes circulaires, qui sont entourées d’une double enceinte et dont le centre est une grande place servant aux démonstrations militaires et aux cérémonies annuelles des «Premiers Fruits» (inxwala ), présidées par le roi. La création de tout nouveau campement se fait à l’initiative de Mzilikazi, qui attribue, chaque fois, des terres et du bétail à un induna placé à la tête d’un régiment. Les plus grands établissements étaient divisés en quartiers. Le roi visitait régulièrement ses villes, dirigées par un induna et par un conseil qui intervenait dans les conflits locaux.À partir de ces sanctuaires, les Ndebele entreprirent un grand nombre de raids, contre les Shona principalement, au nord et à l’est, pour se procurer du bétail et des hommes, qu’ils incorporaient dans leurs régiments (amabuto ). Un ibuto était formé tous les trois ou quatre ans avec les jeunes d’une même classe d’âge, qui étaient alors contraints à une discipline stricte et à un entraînement intensif. Une fois ce régiment devenu opérationnel, le roi lui attribuait un territoire pour fonder une nouvelle ville. Mzilikazi reçut plusieurs Européens à son kraal royal, après avoir défait les Boers en 1847. À sa mort, en 1868, son fils Lobengula lui succéda malgré quelques contestations. Les Ndebele constituent alors une véritable nation avec une hiérarchie sociale fondée sur l’ancienneté d’appartenance au groupe et sur la position militaire. Lobengula poussa les raids au-delà du Zambèze, en pays Ila, et développa l’organisation politico-militaire de son royaume en regroupant les villes en trois ou quatre provinces. Par la concession Rudd, il permit aux Européens d’exploiter le sous-sol en région shona, ce qui le conduisit à s’opposer aux troupes de la British South African Company. Il mourut en 1893. La Compagnie britannique contrôla le pays jusqu’à la rébellion de 1896, qui fut la dernière expression politique des Ndebele en tant que nation.À l’origine, les hommes avaient la responsabilité de la chasse, de la guerre et du gardiennage des troupeaux, tandis que les femmes travaillaient la terre et assumaient les autres activités. Les produits artisanaux étaient essentiellement fournis par les raids et les tributs. Depuis la conquête coloniale, la politique de confiscation des terres a obligé les hommes à se séparer d’une part importante du bétail et à se tourner vers l’agriculture de subsistance dans les «réserves». La misère a poussé un grand nombre de Ndebele vers les villes et les fermes européennes. À partir du milieu du XXe siècle, les Ndebele, tout comme les Shona, ont fourni un grand nombre de leurs cadres et de leurs militants aux mouvements nationalistes du Zimbabwe, opposés à la minorité blanche raciste. Dans les années 1990, ils constituent 16 p. 100 de la population du Zimbabwe. Ceux qui vivent en Afrique du Sud furent intégrés aux territoires autonomes du Kwandebele et du Lebowa de 1981 à 1993, quand les bantoustans disparaissent. Ils parlent le ndebele (sindebele ), qui est une langue à clicks du groupe nguni (de l’ensemble linguistique bantou), comme le zoulou, le xhosa et le swazi.Ndébélépopulation du Zimbabwe (env. 1 500 000 personnes). Ils parlent une langue bantoue. On les a également appelés Matébélé, Tébélé et Tébé. Le nom de Ndébélé est aussi appliqué à des locuteurs d'un dialecte zoulou et à des locuteurs d'un dialecte sotho en Afrique australe. V. Ngoni.
Encyclopédie Universelle. 2012.